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Les implants hormonaux chez le chien
Jusqu’à présent, le propriétaire d’un chien entier n’avait qu’une solution pour supprimer la fonction de reproduction de son animal : la castration chirurgicale (ablation des testicules sous anesthésie générale). Depuis quelques années, il existe une seconde possibilité : la pose d’un implant hormonal anti-testostérone sous la peau. Cette castration « chimique » présente de nombreux avantages, le principal étant qu’elle n’est pas définitive.
Comment agit un implant hormonal ?
La testostérone est une hormone stéroïdienne sécrétée par les testicules, dont la production augmente à partir de la puberté. Elle stimule la gamétogenèse (c’est-à-dire la formation des spermatozoïdes chez le mâle) et entraîne l’apparition et le maintien des caractères sexuels secondaires, comme par exemple le fait de lever la patte pour uriner.
Les chiennes produisent aussi de la testostérone, mais en quantité beaucoup moins importante.
La production de testostérone est sous le contrôle de la LH (Luteinizing Hormone, hormone lutéinisante), produite au niveau de l’hypophyse, elle-même sous le contrôle de la GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone ou gonadolibérine) produite au niveau de l’hypothalamus. En simplifiant, la GnRH stimule la synthèse et la sécrétion de la LH par l’hypophyse et la LH stimule la production de testostérone par les testicules. Il existe un « rétrocontrôle négatif » : la testostérone inhibe la sécrétion hypothalamique de GnRH et la sécrétion hypophysaire de LH. Ainsi le taux de testostérone dans le sang est maintenu constant.
Les implants hormonaux utilisés chez le chien sont à base de desloréline. Cette hormone de synthèse prend la place de la GnRH sur les récepteurs de l’hypophyse, mais elle n’est pas active, ce qui bloque l’activité de l’hypophyse. Les animaux traités ne peuvent plus synthétiser ni libérer l’hormone lutéinisante (LH) et par conséquent les testicules ne produisent plus de testostérone. La production de spermatozoïdes est arrêtée et la libido supprimée.
Comment se passe la pose d’un implant hormonal ?
Les implants hormonaux sont placés sous la peau (comme les puces d’identification électronique), généralement entre les omoplates. L’implantation est indolore pour le chien et ne nécessite pas d’anesthésie. La desloréline est alors libérée en continu pendant 6 à 12 mois, en fonction du dosage de l’implant (4,7 mg ou 9,4 mg), puis celui-ci disparait naturellement.
Si l’implant est destiné à être enlevé (par exemple dans le cas d’un chien que l’on désire castrer pendant 2 ou 3 mois seulement), l’implant est plutôt placé sur le ventre, à côté du nombril : il est plus facile à retrouver et à enlever à cet endroit.
Les propriétaires doivent être avertis que l’effet de l’implant n’est pas immédiat : il faut 6 à 8 semaines pour que l’infertilité soit totale. De plus, certains chiens voient leur comportement sexuel exacerbé et peuvent se montrer agressifs dans les jours qui suivent la pose en raison d’une augmentation transitoire du taux de testostérone dans le sang. Celui-ci diminue progressivement et devient nul 2 à 3 semaines après la pose de l’implant. La taille des testicules diminue elle aussi progressivement : 5 semaines après la pose de l’implant, leur volume est divisé par 3.
Pendant la période de latence, la vigilance s’impose vis-à-vis des chiennes en chaleurs qui pourraient croiser le chien. L’idéal serait d’éviter tout contact entre eux pendant 6 à 8 semaines.
À la fin de la période d’efficacité de l’implant, la sécrétion de testostérone par les testicules reprend progressivement et le volume de ces derniers augmente. Le chien retrouve alors une fertilité et un comportement sexuel normaux.
Théoriquement (selon l’Autorisation de Mise sur le Marché), l’implant ne doit être utilisé que chez des chiens pubères. En pratique (hors AMM), des essais ont été réalisés sur des chiots dès l’âge de 4 mois. L’apparition de la puberté est alors retardée après l’âge de 2 ans, sans conséquence sur la croissance.
La durée d’action de l’implant varie entre 6 et 12 mois, selon la taille du chien et le dosage. Il existe en effet deux présentations possibles : l’implant le moins concentré (4,7 mg) a une durée d’activité d’au moins 6 mois et le plus concentré (9,4 mg) d’un an. Le dosage n’est pas en corrélation avec la taille du chien.
Dans quels cas est-il intéressant de poser un implant ?
La castration chirurgicale est considérée comme une mutilation par certains propriétaires, qui acceptent mieux la castration chimique de leur chien. Celui-ci peut en effet recevoir régulièrement des implants et être castré chimiquement tout au long de sa vie. Il faut simplement que le nouvel implant soit posé avant la fin d’activité du précédent, sinon le comportement sexuel risque de réapparaître pendant la période de transition. La reprise de la taille des testicules est un argument en faveur du renouvellement de l’implant. Le principal inconvénient de la pose d’un implant anti-testostérone dans cet objectif est son coût : il est préférable, d’un point de vue financier, de procéder à la castration chirurgicale lorsque le chien n’est pas destiné à la reproduction.
Chez certains chiens, la castration chirurgicale peut être contre-indiquée, par exemple en cas de risque anesthésique.
Mais la principale utilisation des implants hormonaux est la « stérilisation temporaire », lorsque les propriétaires souhaitent supprimer la fonction reproductrice de leur chien pendant un temps limité, par exemple pour un voyage, l’arrivée d’une chienne à la maison ou le séjour d’un autre mâle entier. Il ne faut pas oublier de tenir compte du délai nécessaire après la pose de l’implant pour qu’il soit efficace.
La pose d’un implant est quelquefois utilisée comme « test » avant une castration chirurgicale, en particulier lorsque le chien présente des comportements indésirables (marquage urinaire, fugues sexuelles, saillies, agressivité envers les autres mâles, etc.) potentiellement attribuables à la testostérone. Il ne faut pas hésiter à parler de ces soucis au vétérinaire au moment de la consultation pubertaire. Si le comportement du chien s’améliore sous implant, cela signifie qu’il y a effectivement un lien avec la testostérone et la castration chirurgicale peut être envisagée comme solution aux problèmes comportementaux.
On estime généralement que les 2/3 des cas de comportements indésirables des chiens mâles sont liés à la sécrétion de testostérone, mais la castration (chirurgicale ou chimique) ne résout le problème que dans la moitié des cas et doit souvent s’accompagner d’une thérapie comportementale.
De plus en plus souvent, les implants hormonaux sont aussi utilisés lors d’affections de la prostate, en particulier les hypertrophies bénignes de la prostate et leurs complications (kystes, abcès), lors de tumeurs péri-anales (circumanalomes) et de certaines maladies cutanées d’origine hormonale, lorsque la castration chirurgicale définitive n’est pas souhaitée par les propriétaires.
Quelles sont les conséquences de la pose d’un implant hormonal ?
Les chiens peuvent présenter un gonflement modéré au point d’insertion de l’implant pendant les deux semaines suivant sa mise en place.
L’effet anti-testostérone de l’implant est de 6 à 12 mois. Il peut parfois durer plus longtemps, surtout chez les chiens de format nain (moins de 5 kg). Le taux de testostérone revient toutefois à la normale 18 mois après la pose d’un implant chez 98 % des chiens.
Dans de rares cas, il est possible que le chien conserve suffisamment de caractère sexuel pour s’accoupler, mais le risque de gestation chez la chienne est considérablement diminué.
La castration chimique a les mêmes effets que la castration chirurgicale sur l’appétit du chien, avec le même risque de prise de poids. L’alimentation du chien doit donc être modifiée, en quantité et en qualité, dès la pose de l’implant. Le poids du chien sera surveillé régulièrement.